Coda

La matière dont serait fait ce mouvement : ce qui tendrait à se rapprocher le plus de toutes les sortes de dispositions à être attentif à l’acte de la perception elle-même.

Dire non pas ce qu’il faut voir, mais comment se préparer de part et d’autre à faire une autre expérience que celle qui consiste à parcourir les traces indiquées, soit par l’action qui veut montrer par où elle passe, soit par la perception qui veut y retrouver ce pour quoi elle est là, à revisiter ce qu’elle sait déjà.

Se retrouver dans une situation où l’on ne peut y trouver a priori ce qu’on vient y chercher. Paradoxe, car tout ce qui se passe, c’est du déjà fait, du déjà-vu, du déjà vécu. Alors la perception serait le pouvoir de « voir à travers », par le mouvement même de celle-ci ; et l’engagement des matières, des corps et des éléments que vont rencontrer ceux qui sont ici et qui vont partager peut-être cet espace-temps.

Coda, c’est là que ça commence, un mouvement qui ne consisterait qu’à tendre vers ce seuil d’où le mouvement par la perception se remet en mouvement.

La nature, ce dehors de nous dont nous faisons partie, nous fait signe par rapport à des choses encore imperceptibles et il faut les découvrir.

Un imaginaire qui pourrait être reporté à toutes les formes que l’on appelle le politique, l’esthétique, la relation amoureuse.

Se concentrer sur la perception comme une lutte très concrète entre la perception et l’opinion, comme politique au sens le plus simple. Politique comme l’ensemble des rapports qui rendent possible la communauté, dans le sens où celle-ci rassemble une multitude de singularités qui se font et se défont, et font se refaire le lien qui rassemble. Mouvement de l’altérité, constant.

Partager, par tous les moyens, ce qui se passe, passé du présent-là qui n’est rien d’autre que l’action, non vers le futur, mais vers un devenir ou l’advenir.

La mémoire : collection de choses passées ou prisme par lequel le vivant se reconstitue en advenant à lui-même, dont il est le contemporain d’une manière ou d’une autre.

Coda c’est l’esquisse d’un geste, cela ne dit rien de plus que quelqu’un qui cultive une plante, quelqu’un qui chantonne à un enfant pour l’endormir… Le geste est déterminé par quelque chose : est-on encore capable de se rendre hospitalier les uns les autres ?

L’espace en une focale qui, en se resserrant ici, élargit le champ de perception, comme à la conduite qui rend disponible cette attention. Dilatation, translucidité, l’espace s’extend tout en se détendant de l’intérieur. La perspective comme la démultiplication des plans, non un plan qui convergerait vers une finalité, si ce n’est d’en faire un point de départ, une rétroaction.

Ne pas poser sa marque mais ouvri le champ. A quoi ça sert ? Pas plus à rien qu’à quelque chose, seulement à préserver, à ne pas détruire le champ du possible, même quand il est conflictuel.

Pourquoi chacun de nous ne s’accorderait pas cette liberté de ranimer la question ?

François Tanguy