[…] Onzième fait écho au onzième quatuor de Beethoven, forme discrète qui obombre la scène ou la colore, en tout cas où le sens, en deçà de tout commentaire et de toute prescription, ne saurait être régi par autre chose que le désordre plein de notre condition […] où les paroles encore se mêlent de musique ou de peinture, s’exposent en autant de descriptions de combat, réconciliations espérées, cohabitations diverses – toutes traces et promesses d’un peuple humain, […]
Tanguy Viel (extrait du texte écrit pour le T2G )
[…] Il ne s’agit donc nullement d’un théâtre d’images ou de mise en image, mais plutôt d’un théâtre de silhouettes et de figures, où la figure ne s’absorbe ni ne se résorbe en elle-même, mais ne cesse de cohabiter avec son ombre, son grossissement en ombre, en ombres — grotesques donc, comme surgissant des grottes. Ces ombres créent autour des acteurs des tempêtes et des orages, faits et défaits dans la continuité orgiastique et poignante des mouvements des panneaux, lesquels ne se glissent pas seulement entre les éléments d’un décor, qui pourrait même être insignifiant, mais dans la profération d’une musique qu’ils cassent, qu’ils raccommodent ou reprennent, en créant une ronde où sont saisis les acteurs et les scènes, leurs situations à l’intérieur d’un identique tableau.[…]
Jean-Paul Manganaro (extrait de « Sur le motif- Etude sur Ricercar »)
François Tanguy et le Radeau (articles et études) de Jean-Paul Manganaro – Paris P.O.L. juin 2008