Les Cantates
» Aller aux Simples « , c’est aller ramasser, cueillir les herbes. Et les simples sont des corps composés. Ils composent avec les corps par filtration, passant à travers corps et âmes, lumières et matières, mouvement et repos. On peut le dire des particules, des mémorations, des humanités, des étreintes.
» Aller aux seuils « , c’est comme faire remonter les simples dans les corps constitués. Mais c’est une image. Décantation des simples vers les seuils, là où les consistances des simples qui composent les corps et les incorporels, entrent en résonnance. Incantation des consistances vers les seuils, où les fabulations, les motifs, les expressions, les objets, les matériaux, les animés par quoi les consistances se rappellent aux figures, ressortent au vif. La présence et les empreintes, l’absence et l’accident, l’adresse et le silence. Et toutes les forces qui » sont » dans les champs. Les figures sont les tracés, par où les revenants qui consistent en elles, comme une empreinte des forces, découpent les surfaces. Et les surfaces font monter les traits, – les intercesseurs, par où la vision entre dans le regard, met l’espace dans le regard et le regard dans l’espace. Et le regard s’étend dans l’espace qu’il contracte, comme herbe qui contracte telle ou telle propriété, comme geste telle ou telle faculté, comme animal telle ou telle figure. On voit ça, dans les grottes où sont les peintures.
Les surfaces sont ces visages qui interceptent les traits, réfléchissent la lumière, transfigurent les corps, les sons, les simples. La ligne du dehors. La ligne de transport, de tresse.
» Aller aux cantates » à travers champs.
François Tanguy (29 mai 2000)